L’hyperloop pourrait révolutionner la logistique et le transport de marchandises

Hyperloop en logistique : vers un transport de fret à 1 200 km/h ?

15 déc. 2022

L’hyperloop veut révolutionner la logistique. Ce mode de transport moderne, hybride entre le train et l’avion, a pour ambition de transformer le transport de marchandises tout en réduisant les émissions polluantes et en décongestionnant le trafic aérien ou terrestre.

La technologie hyperloop est un mode de transport en développement qui consiste en des capsules en lévitation magnétique circulant à l’intérieur d’un tube à basse pression pour atteindre une vitesse allant jusqu’à 1 200 km/h. Pour fonctionner et pour accélérer le transport de marchandises, l’hyperloop utilise des techniques innovantes telles que la pressurisation ou la propulsion électromagnétique.

Vu ses avantages potentiels, l’hyperloop est une opportunité pour l’innovation dans le domaine de la logistique. L’Institute of Hyperloop Technology affirme que ce nouveau mode de transport « est la clé du transport durable de grande distance et contribue largement à la réalisation de l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre fixé par la Commission européenne pour 2030 et 2050 ». Mais cette technologie est-elle viable à court terme ? Si sa faisabilité à grande échelle reste incertaine, les projets et les prototypes en développement se multiplient.

Applications de l’hyperloop dans la logistique

L’hyperloop a le potentiel pour résoudre des problèmes logistiques tels que la réduction des délais de livraison des commandes ou la pollution liée au transport de fret. Cette technologie permettrait de transporter des marchandises entre deux ou plusieurs centres logistiques à grande vitesse, réduisant ainsi l’impact du transport sur la logistique. Les charges seraient acheminées à l’intérieur de capsules se déplaçant dans un tunnel à 1 200 km/h.

La technologie hyperloop pourrait s’imposer comme une alternative économe en énergie aux trajets de longue distance effectués par les camions, trains ou avions de fret. Ce moyen de transport futuriste ambitionne de révolutionner le transport de marchandises grâce à une accélération de 0 à 1 200 km/h en un temps record.

Pour fonctionner, les prototypes hyperloop créent un environnement à basse pression dans une structure tubulaire fermé. À l’intérieur, une capsule flotte grâce à la technologie de la lévitation magnétique. Propulsée par un moteur électrique, la capsule se déplace à une très grande vitesse en raison de l’absence de frottement et d’une résistance de l’air quasi nulle. Et plus important encore : avec une faible consommation d’énergie.

Selon Mario Paolone, professeur à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne, l’un des avantages de l’hyperloop est sa faible consommation d’énergie. « Il est possible de contrôler de manière optimale la pression dans un milieu hyperloop confiné […] Ce contrôle de la pression peut réduire considérablement les besoins en énergie pour le fonctionnement du système dans son ensemble, ce qui en fait le moyen de transport le plus efficace sur le plan énergétique pour les voyages intracontinentaux », affirme-t-il dans l’article de recherche Design of a hyperloop system mockup.

Hyperloop et transport de marchandises

En cas de succès du projet, l’hyperloop aurait pour objectif dans la logistique de remplacer le transport de longue distance. Interrogé par Mecalux, Mario Paolone a souligné comment cette technologie contribuerait à la durabilité du transport de marchandises : « Comparé à tout autre moyen de transport, l’hyperloop pour le fret a le potentiel de minimiser l’empreinte carbone par unité de masse transportée. En outre, sa connexion à grande vitesse entre deux points est susceptible d’être associée à des processus d’expédition efficaces ».

L’hyperloop permettrait non seulement de réduire l’impact environnemental, mais aussi d’accélérer le transport de marchandises. Dans l’article de recherche Hyperloop: The innovative logistic technology, publié dans le Journal of Road and Traffic Engineering, cette technologie est comparée aux modes de transport actuels. « L’Hyperloop est apparu comme la meilleure alternative aux modes de transport existants, puisqu’il est deux fois plus rapide que l’avion, qu’il réduit de moitié la durée des trajets et que son coût est comparable à celui de l’aviation ».

Néanmoins, la technologie hyperloop est encore un travail en cours plutôt qu’une réalité tangible. À l’avenir, ce système à grande vitesse pourrait devenir une alternative au transport aérien pour les marchandises sensibles, précieuses ou périssables. L’article Effects of the introduction of Hyperloop on existing supply chains affirme que la vitesse de l’hyperloop « convient parfaitement au transport de ce type de fret, surtout si l’on tient compte du coût élevé du transport aérien par rapport aux autres modes de transport traditionnels. Dans ce contexte, l’hyperloop représente une alternative plus économique au transport aérien ». La possibilité que cette technologie devienne une solution de substitution au transport routier semble pourtant moins envisageable a priori. C’est ce que déclarent les auteurs de l’article : « le fret serait transporté et déchargé aux stations d’origine de l’hyperloop, où des camions seraient également nécessaires pour charger et acheminer le même fret jusqu’à sa destination ».

L’hyperloop pourrait s’imposer comme une alternative économe en énergie aux trajets de longue distance
L’hyperloop pourrait s’imposer comme une alternative économe en énergie aux trajets de longue distance

L’hyperloop dans la logistique : avenir ou utopie ?

L’hyperloop pourrait révolutionner les transports. Mais où en est le développement de cette technologie ? Selon le professeur Mario Paolone, de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne, elle pourrait devenir une réalité d’ici 2040. « D’un point de vue technique, la première cargaison commerciale en hyperloop pourrait voir le jour d’ici la fin de la prochaine décennie ». Toutefois, des doutes subsistent quant à sa faisabilité à court terme. « Le premier défi majeur est le développement et l’évaluation des différentes technologies de propulsion des capsules. Ces technologies présentent différents niveaux de complexité technique et d’efficacité énergétique qui doivent être évalués en profondeur. Le deuxième défi majeur est le développement de procédés de creusement de tunnels à faible coût qui doivent être minutieusement développés et comparés au regard de la performance ».

Lors d’un entretien avec Mecalux, Jonas Kristiansen Nøland, professeur associé à l’Université Norvégienne des Sciences et Technologies (NTNU), souligne que la technologie hyperloop est encore en phase de développement : « L’appel à propositions pour les projets hyperloop lancé par la Commission européenne estimait atteindre le niveau 6 de maturité technologique en Europe d’ici la fin de la décennie. Il y a dix ans, lorsque ces développeurs d’hyperloop ont démarré leur aventure, ils ont promis qu’ils disposeraient à l’heure actuelle d’un système commercial pleinement opérationnel. Cependant, gravir l’échelle de la maturité technologique est plus difficile dans la réalité que sur le papier ».

Les niveaux de maturité technologique sont une classification internationale visant à déterminer le stade de développement d’une technologie. Les valeurs vont de 1 (principes technologiques de base) à 9 (système testé dans un environnement opérationnel et fonctionnel). Pour l’hyperloop, le niveau 6 signifie que, au cours des prochaines années, un ou plusieurs des prototypes auront déjà été validés dans un environnement représentatif. Jonas Kristiansen Nøland, l’un des évaluateurs techniques des projets Eurail de l’Union européenne, confirme qu’il existe un large éventail de projets liés à l’hyperloop. « La dernière décennie a vu la création de nombreuses start-ups technologiques et la publication de nombreuses études de faisabilité concernant cette technologie ».

Le professeur associé de la NTNU conclut toutefois que, pour l’instant, cette technologie est plus viable pour le transport de fret que pour le transport de passagers : « les exigences en matière de certification ne sont pas aussi strictes pour le transport de marchandises que pour le transport de passagers. Dans le deuxième cas, une plus grande souplesse quant à l’accélération est possible, par exemple ».